Network Time Protocol
Network Time Protocol (NTP) (litt. « protocole de temps réseau »), parfois appelé protocole de synchronisation de réseau[1], est un protocole qui permet de synchroniser, via un réseau informatique, l'horloge locale d'ordinateurs sur une référence d'heure. La première version v.0 de NTP, formalisée dans la RFC 958, date de . Dès le début, ce protocole fut conçu pour offrir une précision de synchronisation meilleure que la seconde. Par rapport au service « Time Protocol » qui offre un service d'heure sans proposer une infrastructure, le projet NTP propose une solution globale et universelle de synchronisation qui est utilisable dans le monde entier. La version 3 de NTP est la plus répandue à ce jour. Elle est formalisée par la RFC 1305 et a le statut « Draft Standard (en) »[2] c'est-à-dire « spécification finale », elle spécifie plusieurs aspects :
La mise au point de ce protocole et des algorithmes a été menée de pair avec le développement d'un logiciel conforme à ces spécifications. De ce fait, cette réalisation fait office de référence dans le domaine et est appelée « logiciel NTP[3] » même si d'autres solutions existent. Ces travaux ont été réalisés en grande partie à l'Université du Delaware grâce au professeur David L. Mills et à une importante équipe de bénévoles[3]. La version 4 de NTP est une révision importante publiée dans la RFC 5905 en . Aussitôt après la parution de la version 3 de NTP, une version simplifiée est apparue, appelée « Simple Network Time Protocol » (SNTP) qui a également fait l'objet de plusieurs RFC. Par rapport à NTP, cette version est simplifiée dans le sens qu'elle ne spécifie pas les algorithmes à mettre en place dans les machines. Présentation générale de NTPLe NTP est un protocole permettant de synchroniser l'horloge d'un ordinateur avec celle d'un serveur de référence. NTP est un protocole basé sur UDP et utilise le port 123. Le protocole NTP comprend :
Partie architectureArchitecture du réseau NTPL'architecture NTP prévoit : ![]() Les flèches jaunes indiquent une connexion directe dédiée entre des horloges de hautes précisions (cf. la page dédiée aux horloges atomiques) et entre des serveurs informatiques de diffusions maîtres ; les flèches rouges indiquent une connexion via un réseau informatique. Ce schéma doit être compris de façon très large et très souple : par exemple un nœud de stratum 2 peut très bien être à son tour le serveur d'une université pour synchroniser les PC (ou ordinateurs personnels) de plusieurs milliers d'étudiants. Dans ce cas, il est peu probable que les étudiants veuillent synchroniser deux à deux leurs PC (ou ordinateurs personnels), sauf peut-être dans des cas particuliers où les étudiants souhaitent pouvoir continuer à échanger des données datées, même si le serveur de l'université vient à tomber en panne, est désactivé ou est inaccessible à l'instant voulu[4].
Dans la terminologie NTP, les serveurs de stratum 1 sont appelés serveurs primaires, et les autres sont appelés serveurs secondaires. Chaque nœud de cette architecture doit être configuré en lui indiquant au minimum quels sont ses serveurs parents et/ou collatéraux. C'est à la charge de chaque utilisateur de réaliser localement cette configuration[6]. C'est cette agrégation de configurations qui, de proche en proche, crée le réseau NTP, il n'est pas préexistant ni même configuré de façon centralisée. Cette architecture est flexible[7], extensible[8] et robuste[9], mais c’est à la charge des utilisateurs d’y contribuer. Méthodes pour la diffusion de l'heureLa diffusion de l'heure est basée :
Partie messagerieLa messagerie NTP prévoit :
Lors de la parution de nouvelles versions de NTP, la structure des nouveaux messages est formée en agrégeant les informations nouvelles à la suite de celle des messages de version précédente. Cette façon de procéder permet l'interopérabilité des différentes versions ce qui facilite la migration globale du parc de machines d'une version ancienne vers une nouvelle. Partie algorithmiqueLe protocole NTP prévoit pour chaque client des algorithmes :
Description détaillée du « fonctionnement NTP »Le message de demande d'heure envoyé par un client vers un serveur et celui pour la réponse ont la même structure. Celle-ci est schématisée ci-dessous, elle correspond à la version 3 de NTP, mais le principe général décrit ci-dessous est conservé au fil des versions; les informations principales utilisées dans ce message pour calculer les écarts d'heure entre client et serveur sont les suivantes : ![]()
Description du modèle NTP « client/serveur »La façon dont client et serveur gèrent ces informations est illustrée sur le schéma ci-dessous : ![]()
Le client peut alors calculer le délai aller/retour de ces 2 messages ainsi que l'écart entre son horloge locale et celle du serveur :
Plus court est le délai , meilleure est la précision avec laquelle est connu l'écart entre les deux horloges. Description du modèle NTP « symétrique Actif / Passif »Ce modèle est proche du précédent avec la différence suivante : une fois la demande initiale émise, « serveur » et « client » échangent leur rôle tour à tour, la réponse de l'un devient une demande pour l'autre, c'est ce que montre l'image ci-dessous. ![]() Chacun des nœuds « Actif » et « Passif » peut alors calculer le délai aller/retour des messages et l'écart entre son horloge locale et celle du nœud opposé :
Et de la même façon que précédemment, de façon symétrique pour chacun des deux nœuds, plus court est le délai et meilleure est la précision avec laquelle est connue l'écart entre les deux horloges. Description du modèle NTP « broadcast »Le nœud émetteur du message renseigne le champ TT avec l'heure courante T1 indiquée par son horloge locale. Le récepteur de ce message utilise cette heure comme heure locale en retranchant au préalable le délai estimé de transmission du message. Pourquoi synchroniser les horloges des ordinateursBien que chaque ordinateur calcule son horloge à partir d'un oscillateur à quartz, il ne peut atteindre la précision des horloges de référence. Leurs horloges internes ont tendance à dériver jusqu'à plusieurs secondes par jour, par rapport à l'heure officielle. Ceci rend nécessaire de synchroniser régulièrement l'horloge interne avec une horloge de référence. Avec le développement des réseaux informatiques, la synchronisation des horloges des systèmes informatiques communicants entre eux est devenue nécessaire. Certains domaines ont absolument besoin d'avoir un temps de référence, on peut citer notamment :
Sans une bonne synchronisation des horloges de tous les systèmes communicants entre eux, certains services ne sont pas utilisables correctement. C'est ainsi que rapidement, il a été nécessaire de définir des méthodes permettant de synchroniser les horloges sur une heure de référence. Dans le cas de NTP, ce dernier utilise le temps universel coordonné (UTC). HistoireNTP est l'un des plus anciens protocoles d'Internet encore en service. Il fut conçu pour offrir une précision inférieure à la seconde dans la synchronisation des horloges et remplace à ce titre le Time protocol (TP, RFC 868), datant de . La version 3 de NTP est la plus aboutie à ce jour, elle spécifie plusieurs aspects :
La mise au point de ce protocole et des algorithmes ont été menés de pair avec le développement d'un logiciel conforme à ces spécifications. De ce fait, cette réalisation fait office de référence dans le domaine et est appelée logiciel NTP. Ces travaux ont été réalisés en grande partie par l'Université du Delaware sous la houlette du professeur David L. Mills[10]. Aussitôt après la parution de cette version 3 de NTP, une version simplifiée est apparue, appelée Simple Network Time Protocol (SNTP) qui a également fait l'objet de plusieurs RFC. Par rapport à NTP, cette version est simplifiée dans le sens qu'elle ne spécifie pas les algorithmes à mettre en place dans les machines. NTPTableau récapitulatif
Version 0C'est le professeur David L. Mills de l'Université du Delaware, qui en septembre 1985 proposa NTP (RFC 958), cette version est une version de développement, elle est à ce titre considérée comme une version 0. Mais le développement de NTP remonte à quelques années auparavant, avec une démonstration en 1979 à la National computer conference (NCC) et sa mise en application quelques années plus tard dans le routeur logiciel Fuzzball, via le protocole de routage HELLO (RFC 891). Version 1Dans cette première version stable, des filtres et des algorithmes de sélections sont ajoutés (RFC 956), ce qui offre une nette amélioration de la précision. NTP a atteint la version 1 en (RFC 1059). Version 2En , NTP passa en version 2 (RFC 1119), avec notamment l'ajout d'une authentification par clé symétrique (utilisant DES-CBC). Version 3En 1989, Digital Equipment Corporation (DEC) présenta un protocole de synchronisation concurrent, le Digital time synchronization service (DTSS). Selon la communauté développant NTP, le gros défaut de DTSS était que le protocole pouvait dans certains cas avoir une importante perte de précision, car il ne prenait pas en compte la fréquence des horloges. Alors que la communauté autour de DTSS pointait du doigt la mauvaise architecture des algorithmes de correction. C'est ainsi qu'après discussion, il fut décidé que NTP utiliserait l'algorithme de Marzullo (en), utilisé par DTSS. Cela aboutit au passage à la version 3 de NTP (RFC 1305), en . Cette version ajoute également le mode broadcast, aux deux modes déjà existants (client-serveur et symétrique). Version 4Depuis 1994, une nouvelle révision du protocole est en cours. La version 4 est très utilisée. Les améliorations portent notamment sur :
Parallèlement à cela, des travaux sur un nouveau modèle d'horloge pour les noyaux des systèmes d'exploitation, ayant une précision de l'ordre de la nanoseconde, sont également en cours. SNTP
Le Simple Network Time Protocol (SNTP) est une version simplifiée du protocole NTP, utilisant le même format de paquet réseau. La synchronisation en utilisant SNTP se base le plus souvent sur un seul serveur de temps[12]. La simplicité est possible au détriment de l'utilisation de certains algorithme de NTP. En conséquence, il n'y a pas de compensation des déviations de l'heure du système local. SNTP offre donc un niveau de précision inférieur à celui de NTP De plus, la spécification SNTP recommande[13] de n'utiliser SNTP qu'aux extrémités d'un réseau NTP, c'est-à-dire au niveau stratum 1 (avec une seule source de synchronisation) et au niveau des nœuds de stratum le plus élevé. Ce choix d'un nombre réduit d'algorithmes et d'une unique communication client-serveur permet la synchronisation avec SNTP en utilisant beaucoup moins de ressources qu'avec NTP. Cela est particulièrement utile pour les appareils simples ou les systèmes ne disposant que d'une faible puissance de calcul, où les exigences de précision et de fiabilité ne sont pas trop élevées. PrincipeEn plus de définir le protocole réseau permettant de transmettre l'heure de référence, NTP définit une architecture, différentes méthodes et algorithmes visant à limiter au maximum la dérive par rapport à cette heure de référence, dû au temps de transmission. Ce que ne fait pas NTPL'heure de référence fournie par NTP est UTC, à ce titre, il ne s'occupe pas :
Cela est du ressort du système d'exploitation, qui suivant l'endroit où l'administrateur a déclaré que l'ordinateur se trouvait, doit effectuer les corrections adéquates pour se caler sur l'heure légale. Aucun mécanisme de chiffrement n'est fourni, les messages NTP circulent en clair sur le réseau. Architecture![]() Le réseau NTP est composé :
Tous ces systèmes sont organisés de façon hiérarchique, dont chaque couche ou niveau est appelé une strate. Chaque client NTP est également un serveur et se synchronise avec d'autres serveurs, le plus souvent de la strate supérieure. La strate 0 comprend des horloges de référence (récepteurs GPS ou grandes ondes, horloges au césium ou au rubidium, oscillateur à quartz thermostaté…) qui ne sont pas connectées aux serveurs de strate 1 via un réseau mais via une interface comme un port série. La norme prévoit jusqu'à 16 strates, mais la plupart des clients se situent dans les strates 3 ou 4. La strate 16 est aussi utilisée par les serveurs qui ne sont synchronisés à aucune source externe. La redondance des serveurs et leur organisation permet une répartition de la charge et ainsi la fiabilité du réseau. En 1999, on estimait le nombre :
sur un total de 175 000 serveurs NTP[14] En , le nombre de clients NTP était certainement de plusieurs dizaines de millions. De nos jours, la quasi-totalité des systèmes d'exploitation utilise le protocole NTP. La configuration par défaut ne vise cependant pas à garantir un contrôle précis de l'horloge du système mais simplement à remettre approximativement la machine à l'heure de temps en temps. A noter que dans un domaine Microsoft le NTP synchronise les postes de travail depuis le domaine. ImplémentationLe temps est défini comme un entier de 64 bits :
L'échelle de temps est donc de 232 secondes (soit un peu plus de 136 ans), avec une résolution théorique de 2-32 seconde (ce qui correspond à un peu moins de 0,233 nanoseconde). NTP utilise l'algorithme d'intersection (en) (une version modifiée de l'algorithme de Marzullo (en) pour choisir les horloges sources et prend en charge l'ajout de secondes additionnelles. La version 4 du protocole permet de maintenir le temps d'une machine avec une précision de 10 ms à travers Internet et peut permettre une précision de 200 µs sur des réseaux locaux. Les ordinateurs clients peuvent calculer leur dérive interne entre deux requêtes et la corriger. Cela permet d'affiner le calcul de la dérive (drift) et sa compensation en espaçant progressivement les requêtes. Plus le temps entre deux requêtes est long, plus le calcul est précis. Ce principe permet de lisser et de réduire considérablement la charge des serveurs. La pire des pratiques serait de faire des requêtes à heures fixes, surtout si de nombreux clients utilisent les mêmes. Le logiciel ntp peut être remplacé par chrony, spécialement conçu pour les machines Unix/Linux connectées par intermittence à Internet. Bien que NTP soit le plus souvent utilisé avec UDP, il peut aussi l'être avec TCP. Cette implémentation n'est pas sujet au bug de l'an 2038 mais au bug de l'an 2036. Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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